Est-ce que le Régime de rentes du Québec est en bonne santé?
Depuis 1966, le Régime de rentes du Québec (RRQ) offre aux travailleurs et travailleuses une protection financière de base à la retraite, au décès ou en cas d'invalidité. Retraite Québec a récemment réalisé le bilan de santé du Régime. Nous nous entretenons donc avec Jean-François Therrien, actuaire en chef du
RRQ, pour en savoir plus.
Les Québécois et Québécoises comptent, en partie, sur les prestations du Régime de rentes du Québec pour leur retraite. Comment le
RRQ se porte‑t‑il?
Notre
Évaluation actuarielle du Régime de rentes du Québec au 31 décembre 2021, la plus récente, le confirme :
il est en excellente santé financière. Nos cotisants et cotisantes ainsi que nos bénéficiaires n'ont pas à s'inquiéter. Le
RRQ est solide et les rentes pourront être versées durant au moins les 50 prochaines années à toutes les personnes qui y ont droit. Il s'agit en effet de l'horizon de projection de nos évaluations actuarielles, produites tous les trois ans, comme le prévoit la loi. Le taux de la cotisation que les travailleuses et travailleurs payent actuellement est par conséquent suffisant.
On observe en ce moment que les systèmes de retraite de certains pays sont fragilisés par le vieillissement de leur population. Est-ce que l'on doit s'inquiéter?
Je tiens à vous rassurer :
le
RRQ n'est pas fragilisé par ce phénomène démographique puisque nous l'avons pris en compte pour établir nos projections de financement du Régime. Alors, même si la population du Québec vieillit elle aussi et que la proportion d'individus de 65 ans et plus augmente par rapport à la population totale, il ne faut pas s'inquiéter. Le
RRQ est adéquatement financé. Contrairement à d'autres régimes de retraite, il ne repose pas uniquement sur les cotisations des travailleurs et travailleuses pour le versement des prestations des gens qui sont à la retraite. Les cotisations servent également à constituer un « bas de laine » qui est investi et qui génère des rendements de placement. Par exemple, la dernière évaluation actuarielle montre que les entrées de fonds projetées pour 2025, soit les cotisations des travailleuses et travailleurs combinées aux revenus de placement, s'élèveront à près de 26 milliards de dollars. Elles seront suffisantes pour financer les sorties de fonds projetées pour la même année, c'est-à-dire les prestations des bénéficiaires, qui atteindront quelque 20 milliards de dollars.
Justement, comment les fonds du
RRQ sont-ils gérés?
C'est la
Caisse de dépôt et placement du Québec qui gère les fonds d'environ 100 milliards de dollars qui constituent l'actif du
RRQ. Depuis 1966, le rendement annuel moyen obtenu est supérieur à 8 %. Ainsi, même si une année est marquée par un rendement négatif, le rendement à long terme est positif. En plus d'être profitable aux Québécois et aux Québécoises, l'actif du
RRQ a un
effet environnemental et social favorable , car la Caisse tient compte de ces aspects dans chacun de ses investissements. Elle le fait d'abord lorsqu'elle sélectionne ses investissements, mais aussi lorsqu'elle utilise son expertise pour améliorer les pratiques de centaines d'entreprises qui composent son portefeuille. Ainsi, nos cotisations contribuent à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à favoriser la diversité et l'inclusion, ainsi qu'à bâtir une société plus juste au Québec et à travers le monde.
D'ailleurs, au sujet du rendement, des gens nous demandent parfois s'il serait plus avantageux d'investir eux-mêmes leurs cotisations au
RRQ dans l'espoir d'obtenir un meilleur rendement. Qu'en pensez‑vous?
Tout d'abord, soulignons que les rendements des placements du
RRQ sont supérieurs aux rendements des placements individuels, comme le régime enregistré d'épargne-retraite (REER). Les placements du
RRQ sont gérés par des spécialistes, moyennant moins de frais de gestion. Notre régime de retraite public est le fondement du système de retraite québécois. Tous les individus de 18 ans et plus qui travaillent doivent y cotiser. Le
RRQ leur procure une rente garantie à vie qui est indexée au coût de la vie. Cette rente les protège donc des
risques financiers liés à la retraite : les risques de longévité, de rendement et d'inflation. Dans la mesure du possible, il vaut mieux attendre d'avoir 65 ans ou plus pour la demander afin d'obtenir le plein montant de la rente ou même davantage. Si on la reçoit
avant 65 ans, on touche plutôt une rente réduite pour le reste de notre retraite. Mais dans la majorité des cas, on ne doit pas s'appuyer uniquement sur cette rente parce qu'elle n'est pas destinée à couvrir l'ensemble des dépenses associées à nos besoins financiers. Il s'agit surtout d'une base qu'il faut combiner à un
régime de retraite offert chez l'employeur et/ou à une épargne personnelle. C'est cette épargne que l'on peut investir selon notre profil d'investisseur : de façon plus prudente ou plus dynamique, en fonction de notre tolérance au risque. Et pour s'assurer de faire les meilleurs choix, pourquoi ne pas consulter un ou une
spécialiste de la planification financière?